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Extrait du Who's Who :

DÉRIBÉRÉ (Maurlce), Ingénieur. Né le 7 Juillet 1907 à Auneau (Eure et Loire). Fils d'Emile Déribéré, Cheminot, et de Mme, née Louise Lesage ,Veuf de Mme, née Marie Grand (3 enfants : Colette [Mme Philippe Soulat], Simone [Mme Dominick Guilmard], Suzanne [Mme Étienne François;); Remarié A Mme Paulette Vial, Attachée de direction.

Etudes : Lycée Lakanal à Sceaux. Dépt.: Ingénieur de l'École Breguet .

Carrière : ingénieur puis Chef de fabrication aux Etablissements Keller et Leleux A Livet (1932-35), Rédacteur en chef aux Edillons Textiles et Techniques (193536), Directeur des Etablissemenis Mlzgler (électro- à Argentine (1936-39), Chef d'un laboratoire de recherches (1939 54), Chef du centre d'éclairagisme (1954-1972) A la Compagnie des tempes Mazda, Cofondateur et Secrétaire général (1953), Président (depuis 1969) du Centre d Information de la Couleur, Rédacteur en chef (1953), Directeur (depuis 1969) de la revue Couleur, Conférencier de l'Alliance française, de l'Art pour tous, Ancien chargé de cours à1'Ecole supérieure d'électrotechnique de Toulouse et à l'École d'aviation civile d Orly, Membre de l'Association française de l'éclairage, de l'Association française pour l'avancement des sciences. Ancien président de la commission Effets psychologiques de la lumière, de l'Association française de l'éclairage. Expert de commissions ISO et CIE pour la France, etc.

Oeuvres et travaux : nombreux articles conférences, ouvrages techniques et de vulgarisation; nombreuses communications à l'Académie des sciences; Inventeur de la fluographie pour l'étude des états de surface; Vulgarisateur en Europe des procédés de séchage et de traitements thermiques par les rayons infrarouges (1940-50).

Décorations : Chevalier de la Légion d'honneur et des Palmes académiques.

Distinctions. : Médaille de la courtoisie française, Médaille d'or de la Société d'encouragement pour la recherche et l'invention.

Distractions : photographie voyages. Collection de minéraux. Membre de nombreuses sociétés scientifiques.

 

UN HOMME HAUT EN COULEURS

Article paru dans L'ECLAIR (Magasine de l'unité éclairage France), n°3, Avril-Mai-Juin 1987

Depuis toujours, il prêche la bonne lumière, A 80 ans, Maurice Déribéré court toujours, la passion au cœur: conférences, recherches, conseils aux étudiants. " Nous ne fabriquons pas de lampes, nous vendons de la lumière. " Ce slogan n'est pas destiné au petit écran mais résume parfaitement la vie professionnelle de Maurice Déribéré : une course incandescente à travers l'élément lumineux.

Ingénieur diplômé de l'École Breguet en 1928, ce " touche à tout " de génie exerce presque toute sa carrière à la Compagnie des lampes où il entre en 1939. Fidèle, il ne la quittera que 34 ans plus tard, pour prendre sa retraite. Entre-temps, son insatiable curiosité va faire de lui l'ambassadeur de la lumière sous toutes ses formes. Intégré à l'entreprise pour ses travaux de recherche et ses articles sur les " poudres fluorescentes ", il se voit rapidement confier le Service de propagande. Ce nom, suspect en 1944 ne désigne ici que l'an-cêtre des Relations publiques, auxquelles Maurice Déribéré va donner leurs lettres de noblesse.

" II s'agissait d'avoir les idées larges. De recueillir et donner des informations générales. A l'époque, l'idée de la propagande n'avait rien à voir avec la publicité directe. II s'agissait moins de vendre que de montrer ce que l'on pouvait faire. Bien sûr, cela rapportait indirectement une clientèle. "

Tels ces deux auditeurs qui, à l'issue d'une conférence improvisée sur l'éclairage souterrain, commandent immédiatement une batterie de projecteurs destinés aux grottes. " Prophète de la lumière " à travers la France, Maurice Déribéré suscite toujours l'intérêt, lors de ses discours. " Si j'ai fait de la spéléo, c'est grâce à vous " lui confie un jour, Michel Siffre maintenant spécialiste du domaine.

Son art de la communication, Maurice Déribéré l'utilise tous azimuts. II fonde une revue d'entreprise, une nouveauté à l'époque. Et crée le Centre d'éclairagisme, un lieu où l'on " donne à voir ", destiné à montrer ce qu'on peut faire avec la lumière. Le public y assiste, ravi, à toutes sortes d'expériences et de mises en scène, à vocation pédagogique. Une forme de communication directe qui n'a rien à envier aux procédés actuels de marketing. Mais trop fougueux pour se restreindre au carcan du spécialiste, Maurice Déribéré va élargir son champ d'investigation. " La bonne spécialisation consiste à en savoir de plus en plus sur une chose de plus en plus restreinte jusqu'à tout savoir sur rien " rappelle-t-il en plaisantant. II s'intéresse à la minéralogie et se passionne pour la couleur. II donne naissance au Centre d'information de la couleur qui doit permettre " de rassembler des gens et confronter des techniques ".

Auteur de nombreuses recherches, il met au point diverses inventions dans le domaine de la photographie et de la peinture. Maurice Déribéré est alors l'ami de nombreux cinéastes, peintres et photographes. II se retrouve ainsi, par hasard, propulsé photographe de plateau sur le tournage du Napoléon de Sacha Guitry ! II réalisera lui-même divers courts métrages, scientifiques ceux là. Parallèlement, il travaille sur les effets psychologiques de la lumière sur l'homme en observant un jour un " sens des couleurs " chez les aveugles. Passionné par toutes ces activités, il trouve encore le temps d'écrire une centaine d'ouvrages : il a signé par exemple le premier livre sur la photo couleur par procédé soustractif et de récents articles sur la couleur pour l'Encyclopédie Larousse.

Quoi qu'éclectiques, tous ses efforts eurent un but commun : mieux faire connaître la lumière. II estime avoir eu la meilleure part dans cette aventure et avoue qu'il lui serait difficile de travailler maintenant avec la même liberté. " Je faisais un métier admirable que j'ai exercé avec plaisir. Nous étions des pionniers dans beaucoup de domaines. J'ai eu la possibilité de toucher à tout ce qui m'intéressait sans restriction. Aujourd'hui les gens sont conditionnés pour un rendement immédiat. J'aurais du mal à m'adapter aux circonstances actuelles de la vie industrielle. "

Le mot retraite n'a pas grand sens pour Maurice Déribéré. A 80 ans son dynamisme et sa curiosité n'ont pas fléchi d'un pouce. II donne encore de nombreuses conférences et parcourt le monde en chercheur, toujours à l'affût de nouvelles connaissances. Des étudiants frappent aussi à sa porte pour recueillir une aide précieuse dans la rédaction d'une thèse sur tel ou tel phénomène de la lumière.

Grâce à la démarche scientifique et l'esprit aventurier de Maurice Déribéré, nous y voyons aujourd'hui plus clair qu'hier. Dominique Nocereau

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